C’est ainsi qu’il a organisé tout l’aspect de cette discipline somato psychique et psycho spirituelle que nous connaissons maintenant.
Sur le plan strictement technique, la recherche du Professeur a regroupé l’ensemble des exercices en trois termes qui sont les suivants : âsana, prânâyâma, mudrâ. En fait il ne s’agit pas de trois techniques différentes et séparées mais plutôt d’une seule et même démarche pratique qui doit être adaptée pour chacun en tenant compte d’un certain nombre de paramètres, c’est de cela qu’il est question dans la formule Viniyoga .
En résumé, nous pourrions simplement présenter cette pratique quotidienne de la façon suivante.
"Allah est grand, mais attache bien ton chameau au piquet......"
Ce petit proverbe soufi, tiré des aventures de Nasreddine Hodja*, m’a souvent amusée, éclairée dans le passé. Aujourd’hui je l’entends à nouveau dans la bouche de Christophe André* et il résonne pour moi de façon particulière avec l’étude des yoga-sutras que j’entreprends en formation.
" Allah est grand "....pose l’importance de la foi, pas seulement en un Dieu, mais dans tout ce qu’on entreprend. C’est le moteur de toute action. En pédagogie on parle de motivation. C’est savoir ce qu’on fait, pourquoi on le fait, être prêt à s’y engager, s’y tenir.
" Mais attache bien ton chameau au piquet ! "....revient à dire : Ne néglige pas pour autant l’aspect pragmatique des choses ! Prends les mesures concrètes nécessaires pour éviter la fuite de ton chameau, et bien des désagréments.
Autrement dit, que ta conviction ne t’aveugle pas. Qu’elle ne t’éloigne pas des réalités ni ne te dédouane de tes responsabilités. Qu’elle ne te donne pas l’occasion de fuir, ni de te complaire dans une attitude éthérée qui te dispenserait d’agir.
Ce proverbe de sagesse pourrait se relier aux notions des Yoga-sutras suivants :
Abhyâsa/Vairâgya , pratique et détachement (I, 12)
Tapas, Svâdhyâya, Ishvara pranidhâna = Discipline, quête intérieure, abandon = les 3 composantes du kriyâ yoga, yoga de l’action (II, 1)
Abhyâsa, c’est "attache bien ton chameau au piquet". C’est la pratique, quotidienne, sans cesse renouvelée, avec constance, régularité, effort...Chaque jour tu attaches ton chameau au piquet, chaque jour tu accomplis les mêmes gestes sur ton tapis. Chaque jour tu renouvelles tapas, l’effort.
Ishvara pranidhâna, c’est "Allah est grand". C’est l’abandon au Seigneur, au divin en nous, à ce qui nous dépasse, nous transcende. Dans Ishvara pranidhâna on retrouve Vairâgya, le détachement, qui comme chacun sait, est davantage fait de lâcher-prise, d’abandon, que de recherche de maîtrise, de contrôle. Vairâgya c’est d’abord reconnaître et accepter sa vulnérabilité, sa faiblesse.
Nouvelle publication ! Laurence Mucha et Véronique Mainguy, Mon yoga quotidien. 33 clés pour les 7-14 ans, éditions Esprit Yoga, 2016.
Le yoga pour les enfants se développe de plus en plus largement dans les écoles, les familles ou encore dans les cours de yoga... Cet ouvrage propose une approche vraiment originale, solide et pertinente de la pédagogie propre au yoga et de ses nombreux apports éducatifs aujourd’hui.
Laurence Mucha est enseignante spécialisée auprès des élèves à besoins éducatifs particuliers, professeure de yoga viniyoga (formée par Claude Maréchal). Véronique Mainguy est aussi professeure de yoga et formatrice à l’ESPE dans le cadre du Master Enseignement Education et Formation, spécialisée dans la gestion du stress et de l’anxiété. Les deux auteures collaborent régulièrement à la revue Esprit Yoga. Elles sont, enfin, formatrices au RYE (recherche sur le yoga dans l’éducation), organisme fondé en 1978 par Micheline Flak, qui utilise des techniques de yoga et de relaxation pour favoriser la concentration, l’apprentissage, le bien vivre ensemble, la conquête de l’autonomie, l’estime de soi. Le RYE est aujourd’hui agréé par le ministère de l’Education Nationale, et devient ainsi le partenaire privilégié dans la formation des enseignants et des éducateurs au yoga en milieu scolaire. C’est dire tout l’intérêt de cette nouvelle publication !
J’ai le plaisir et l’honneur d’avoir écrit la préface de ces deux yoginis pédagogues, et amies depuis longtemps... Voici un petit extrait de ma présentation :
"Le yoga est une sorte de vacuole attentionnelle, une bulle de silence, où prendre soin de l’être et inventer une autre manière de vivre. Il est une réponse, en cela, à la crise de l’attention dans le monde contemporain, saturé d’informations et de sollictations permanentes. La capacité à faire attention est la clef d’une éducation humaniste, digne de ce nom."
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Chez l’être humain, la période de 0 à 25 ans est une période de croissance (Shrishti). Selon la vision du Yoga, cette période commence en fait dès la conception de la personne ; moment où sa conscience (purusha) qui est d’ordre spirituel, prend forme dans la matière (prakriti) pour donner un corps physique et psychique qui est son véhicule, moyen d’action et d’expression dans le monde matériel. La prakriti (corps physique et psychique) de la personne est déterminée au départ par celle de ses parents au moment de sa conception puis elle évolue tout au long de sa vie en fonction de ce qui la nourrit : relations avec les autres (famille, amis, environnement social...), alimentation, éducation ....
Toutes ces "nourritures" vont influencer la façon dont le corps physique et psychique de la personne va se construire la rapprochant ou l’éloignant de sa nature profonde, celle qu’elle a choisie et dont elle a hérité au moment de sa conception pour servir au mieux sa conscience. Pour qu’un être humain soit en pleine santé, il doit être au plus près de sa nature profonde, lui permettant à la fois de vivre en accord avec lui-même, pleinement heureux, tout en contribuant au bien être de la société par les actions qu’il mènera très naturellement. Il est donc fondamental que chaque être humain soit nourri au mieux et ce dès sa plus tendre enfance : dans le ventre de sa mère puis avec ses parents et dans l’environnement d’éducation qui s’élargit progressivement.
La pratique du Yoga pour les enfants s’inscrit dans cette recherche de soutenir le développement harmonieux et complet de l’enfant puis de l’adolescent pour l’emmener vers l’âge adulte avec tous ses potentiels révélés pour qu’il puisse mener à bien les responsabilités qu’il aura à tenir dans le monde.
La
pratique de Yoga pour les enfants est assez différente de celle proposée aux adultes. Elle s’inscrit dans la dynamique de cette période de croissance :
En savoir +
Le Viniyoga du yoga consiste à adapter le yoga aux possibilités et aux besoins du pratiquant (dans le dictionnaire Huet de sanskrit-français, viniyoga : emploi, usage ; intention, but).
La tradition Viniyoga, inspirée par le maître indien T. Krishnamacharya et son fils TKV Desikachar, fait vivre le yoga complet, tel qu’il est décrit dans les Yoga-Sutra de Patanjali.
Proposer de manière ajustée les huit aspects du yoga à l ’élève (relationnel, hygiène de vie, postural, respiratoire et énergétique, maîtrise des sens, écoute vigilante, méditation, méditation intégrée à chaque action) est un défi que l’enseignant Viniyoga relève dans le cadre de la supervision en individuel de la pratique quotidienne et autonome de l’élève.
C’est l’accompagnement individuel Viniyoga dispensé en cours individuel. Entre deux rencontres l’élève expérimente quotidiennement les propositions élaborées avec son enseignant (la durée et l’heure de la pratique sont fixées avec l’élève).
En cours collectif, bien qu’on réduise un peu la voilure sur cet objectif ambitieux, on va trouver de nombreux bénéfices à la pratique du yoga selon la pédagogie Viniyoga du yoga.
On centre la pratique sur le postural, le respiratoire-énergétique, la maîtrise des sens, l’écoute vigilante. Au fil des semaines on amène un peu plus d’autonomie à chacun sur sa façon d’adapter les techniques.
Les cours collectifs peuvent être complétés par des stages à la journée, ce qui permet d’aborder les autres aspects du yoga.
Par une pratique hebdomadaire assidue du cours collectif, soutenue par la dynamique et l’ambiance énergétique du groupe, des fruits très appréciables apparaissent ; une meilleure attention, plus de paix intérieure, et bien sûr certaines améliorations au niveau de la santé ou du sommeil.
Les pratiquants en cours collectifs peuvent aussi rencontrer leur enseignant en individuel pour mettre une petite pratique quotidienne en route, ou pour échanger de manière plus intime sur une particularité personnelle.
Odilon Redon, Jeunesse de Bouddha, 1904
"être vivant, méditer, créer" : nouvelle publication de Philippe Filliot, chez Actes Sud, mai 2016
L’ambition de cet essai est de se mettre à l’écoute des multiples résonances entre méditation, création et existence. Il propose une esthétique de la vie intérieure, accordant ensemble l’expérience sensible et l’expérience spirituelle.
Pour créer quelque chose, il faut tout d’abord méditer. Cette méditation sans objet se poursuit dans la pratique artistique en une méditation en acte. Les artistes, selon des voies toujours singulières, sont des explorateurs du continent intérieur de la vie contemplative. Créer, c’est se livrer peu à peu à ce qui advient.
Mais en dehors de toute pratique artistique, méditer est aussi un processus permanent de création qui se fait en soi-même, d’instant en instant. L’expérience méditative est envisagée ici comme une source vitale et cachée de la créativité. Alors la méditation devient un "art", élargi à l’existence entière. La personne qui médite, par la qualité même de son attention, est capable de transfigurer tout ce qui est en une oeuvre incarnée, unique, extraordinaire. Comme le dit bien Claude Maréchal dans ses formations : "Nous sommes tous des diamants".
Voilà à quoi sert de méditer : faire l’expérience primordiale du "vivre", renouer le contact avec le simple fait d’être vivant. Se plonger immédiatement dans le vif ! La vie, seule, pure, brille ici et maintenant dans toute sa splendeur.
La méditation comme le plus grand des arts. De là, naît la vie, la vie vivante, qui est la création absolue.
Philippe Filliot
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