M.R. : Bonjour Marie ! Tu as effectué une formation pour femmes enceintes auprès de l’Institut De Gasquet à Paris en pré et post natal sur 5 jours en janvier 2018. Pourquoi as-tu ressenti le besoin de suivre cette formation ?

 

M.S. : Ma motivation pour cette formation était de pouvoir répondre aux demandes de femmes enceintes présentes dans mes cours de yoga. Je voulais pouvoir leur offrir une pratique qui convient à ce moment particulier de leur vie. Et puis, personnellement, j’avais également un projet de maternité et souhaitait donc me former au mieux sur le sujet. Mon choix s’est porté tout naturellement vers l’Institut De Gasquet. C’est une méthode connue auprès des sages-femmes et personnels médicaux pour les accouchements physiologiques. Le yoga pratiqué lors de cette période prénatal doit donc être en cohérence et complémentaire avec le parcours proposé auprès des maternités lors de la préparation à l’accouchement. Lors de mes cours collectifs, en tout début d’année, je précise qu’il est très important de prévenir le professeur lorsqu’une grossesse est potentiellement en cours.

 

M.R. : Pourrais-tu nous parler de ce que tu as appris lors de cette formation ?

 

M.S. : Oui bien sûr. Afin de répondre au plus près des attentes de la personne, il y a plusieurs phases à prendre en considération.

 

PROJET

S’il s’agit d’un projet, la pratique du yoga est un plus pour la meilleure connaissance corporelle et la mise en place du lâcher prise, du relâchement. Il est très important de ne pas focaliser toute son attention sur ce projet mais plutôt de rechercher un bien être global.

 

PRENATAL

Lorsqu’une grossesse est en cours, les cours individuels ou spécialisés femmes enceintes sont à favoriser. Cependant, je constate que bon nombre de pratiquantes souhaitent rester dans le groupe avec lequel elles ont l’habitude de pratiquer. Je ne m’y oppose pas mais je demande à ce que la femme enceinte se place près de moi pour ne pas l’oublier dans les adaptations à proposer. Côté administratif, je demande également un certificat médical spécifiant que l’état de grossesse de cette personne ne s’oppose pas à la pratique du yoga.

 

Lors du 1er trimestre, c’est la phase la plus importante. Rien ne se voit encore mais tout se joue lors de l’embryologie. On sait que c’est lors de ces 3 premiers mois que le risque de fausses couches est le plus grand. La pratique doit donc s’adapter dès le début même si la femme enceinte est capable de réaliser encore toutes les postures. Le risque n’est pas pour elle mais pour le bébé, il faut en prendre conscience rapidement.

 

Au cours du 2ème et 3ème trimestre, le corps se modifie et la femme a plus conscience des limites de ce dernier. Chacune est différente au niveau des maux ressentis donc il faut s’adapter à chacune.

Cependant, les postures à ne pas pratiquer sont les suivantes :

  • Pas de compressions abdominales
    • Flexion avant jambes écarts
    • Apanasana en asymétrie
    • Pince jambe écarts
  • Pas de torsions : les torsions ont pour effet d’essorer l’abdomen, imaginez le foetus !
    • Triangle en torsion
    • Torsion couchée (sauf pieds au sol pour certaines car ça soulage le bas du dos – à adapter)
  • Selon les cas, pas d’inversion ou de tête en bas si l’on a des remontées acides ou des nausées

 

Les postures à favoriser :

  • Redressement de la colonne vertébrale (pour faire de la place)
  • Travail sur la respiration et notamment sur le diaphragme
  • Détente au niveau de la tête, nuque et épaules (mouvements de bras)
  • 4 pattes pour le placement du bébé
  • Chien face en bas éventuellement avec rapprochement des genoux et écart entre les pieds afin d’ouvrir les iliaques à l’arrière
  • Table à 2 pieds pour garder dans la force dans les cuisses
  • Travail sur les déplacements entre les postures pour éviter la poussée sur le périnée.
  • Apprendre les gestes de transition entre les positions debout – couchée – assis – à pattes…
  • Apprendre à s’installer pour favoriser la relaxation du ventre, de l’utérus et du dos : utilisation d’accessoires (coussin d’allaitement, cacahuète, ballon, bolster…)

 

POSTNATAL

Idem que pour le PRENATAL, les postures sont à adapter donc la pratiquante doit rester près du professeur.

Si la pratiquante en post natal n’a pas encore pratiqué sa rééducation, dans ce cas, il est préférable de rester sur des pratiques similaires au pré natal.

Si la pratiquante a pratiqué sa rééducation, elle peut reprendre des postures habituelles de cours collectifs tout en cherchant à :

  • Eliminer à travers des compressions abdominales, torsions
  • Détendre le haut du dos et la nuque
  • Tonifier les abdominaux
  • Bien se porter pour allaiter et bien tenir bébé

Bernadette De Gasquet précise que concernant la rééducation, tout se joue dans les 6 semaines suivant l’accouchement. Quelques heures après l’accouchement, afin d’aider le bassin à se refermer, il est nécessaire de nouer une écharpe/ceinture adéquate autour de ce dernier. Et rapidement, il faut pratiquer les exercices de contraction du périnée afin de retonifier ce dernier et replacer l’utérus. Je vous laisse le soin de lire son dernier livre à ce sujet « Mon corps après bébé, tout se joue avant 6 semaines ! ».

 

M.R. : Merci Marie pour ton éclaircissement. Bonne continuation à toi !

 

M.S. : Marie Serrand est professeur de yoga, en 2ème année de post formation à Reims auprès de Marianne Lorenzato et Gilberte et Jean-Pierre Procureur. Elle enseigne à Angers auprès d’adultes, des enfants et des femmes enceintes.

 

M.R. : Martine Renaud est membre de la commission communication de la FVI. Elle est en 2eme année de post formation à Grenoble auprès de Denis Perret. Elle enseigne à Luxeil-les-Bains et auprès d’associations de villages en Haute-Saône.

Martine Renaud